Genèse de l'Art surréaliste
Le groupe des Surréalistes s’est formé à partir de l’esprit de révolte qui caractérise les avant-gardes européennes des années 20. Tout comme le mouvement Dada, auquel certains ont appartenu, ces poètes et ces artistes dénoncent l’arrogance rationaliste de la fin du 19e siècle mise en échec par la guerre. Constatant néanmoins l’incapacité du Dadaïsme à reconstruire des valeurs positives, les Surréalistes s’en détachent pour annoncer l’existence officielle de leur propre mouvement en 1924.
Dominé par la personnalité d’André Breton, le Surréalisme est d’abord d’essence littéraire. Son terrain d’essai est une expérimentation du langage exercé sans contrôle. Puis cet état d’esprit s’étend rapidement aux arts plastiques, à la photographie et au cinéma, non seulement grâce aux goûts de Breton, lui-même collectionneur et amateur d’art, mais aussi par l’adhésion d’artistes venus de toute l’Europe et des États-Unis pour s’installer à Paris, alors capitale mondiale des arts.
Les artistes surréalistes mettent en œuvre la théorie de libération du désir en inventant des techniques visant à reproduire les mécanismes du rêve. S’inspirant de l’œuvre de Giorgio De Chirico, unanimement reconnue comme fondatrice de l’esthétique surréaliste, ils s’efforcent de réduire le rôle de la conscience et l’intervention de la volonté. Le frottage et le collage utilisés par Max Ernst, les dessins automatiques réalisés par André Masson, les rayographes de Man Ray, en sont les premiers exemples. Peu après, Miró, Magritte et Dalí produisent des images oniriques en organisant la rencontre d’éléments disparates.
Leur première exposition collective a lieu à Paris en 1925. Puis le mouvement se diffuse à l’étranger pour atteindre une renommée internationale avec les expositions de 1936 à Londres et à New York, de 1937 à Tokyo, de 1938 à Paris, notoriété renforcée par l’immigration aux États-Unis de la majeure partie du groupe pendant la guerre. Le Surréalisme a ainsi profondément inspiré l’art américain : la pratique de l’automatisme est par exemple l’une des origines du travail de Jackson Pollock et de l’Action Painting, tandis que l’intérêt porté par les Surréalistes au thème de l’objet annonce le Pop Art.
Le Surréalisme est un mouvement qui se développe pendant plus de quarante ans, depuis les avant-gardes historiques du début du siècle jusqu’à l’émergence de nouveaux courants dans les années 60 : outre la peinture américaine et le Pop Art, l’art surréaliste a motivé l’apparition d’une seconde vague avant-gardiste en Europe dans les années 60, dont le Nouveau Réalisme est l’éminent représentant.
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Dans cette première partie de ce parcours, nous t'invitons à découvrir les origines de l'art surréaliste.
Lis le texte ci-dessus issu des dossiers pédagogiques du Centre Pompidou et réalise l'activité suivante de façon à vérifier que tu en as compris les points importants.
Découvre maintenant les différentes techniques et pratiques des surréalistes en lisant les définitions suivantes puis exerce-toi avec l'exercice de mots croisés suivant.
Glossaire du Surréalisme
Cadavre exquis :
Le Cadavre exquis est le plus célèbre des jeux surréalistes. Pratiqué à partir
de 1925, Ernst consiste à composer des poèmes ou des dessins à plusieurs, chacun
inscrivant un mot ou un motif sur un papier plié, à l’insu des autres participants.
Les œuvres ainsi obtenues présentent des rapprochements inattendus, comme
la phrase "le cadavre exquis boira le vin nouveau", à laquelle le
jeu doit son nom.
Collage :
Au sein du Surréalisme, le procédé du collage est surtout employé par
Max Ernst. Dès 1919, il assemble des images issues de multiples domaines, dans
le but de provoquer des rencontres insolites. À partir de 1929, il crée des
romans-collages, séries d’images confectionnées à partir de gravures de
la fin du 19e siècle ou de catalogues illustrés, et reliées entre elles par
la simple répétition de motifs visuels.
À la différence du collage cubiste voué à la seule recherche plastique, et
des photomontages éminemment politiques du dadaïsme allemand, le collage surréaliste
suggère de nouvelles associations visuelles, poétiques et oniriques.
Décalcomanie :
Cette technique a été utilisée pour la première fois dans un cadre artistique
par Oscar Dominguez en 1936. L’artiste presse une feuille blanche sur une
autre feuille enduite de gouache noire, et répète l’opération, de manière
à reporter plusieurs fois les taches de peinture. L’image qui en résulte
permet à l’artiste de libérer son imagination en interprétant à sa guise
les formes obtenues. À la suite d’Oscar Dominguez, Max Ernst applique le
principe de la décalcomanie à la peinture à l’huile.
Écriture automatique :
Inspirée de la psychanalyse, et surtout de la poésie d’Arthur Rimbaud
et de Lautréamont, l’écriture automatique consiste à écrire si rapidement
que la raison et les idées préconçues n’ont pas le temps d’exercer
leur contrôle. Le premier texte issu de cette méthode, Les Champs magnétiques
de 1919, a été rédigé tour à tour par André Breton et Philippe Soupault.
Frottage :
Équivalent pictural de l’écriture automatique, le procédé du frottage
a été découvert par Max Ernst à l’occasion d’un épisode précis de
sa vie, en 1925. En fixant le plancher usé d’une auberge où il séjournait
en Bretagne, il décide de relever l’empreinte de cette matière en frottant
à la mine de plomb un papier posé sur les lattes de bois. Il étend ensuite ce
procédé à d’autres textures et publie son premier recueil de frottages,
Histoire naturelle, en 1926. Il poursuit cette recherche en utilisant
la peinture à l’huile.
Fumage :
En 1937, le peintre autrichien Wolfgang Paalen invente
le procédé du fumage : il réalise des dessins
tracés en promenant la flamme d’une bougie sur
une feuille de papier. Plus tard, il applique cette
technique à la peinture à l’huile. Il annonce
ainsi les peintures de feu d’Yves Klein.
Grattage :
Inventé par Max Ernst en 1927 comme extension du frottage, le grattage est
surtout pratiqué par Esteban Francès, peintre d’origine espagnol et rallié
au Surréalisme en 1937. Cette technique consiste à gratter à la lame
de rasoir des couches superposées de peinture de différentes couleurs, afin
de faire surgir des formes plus ou moins transparentes et diaprées.
Objet surréaliste :
Après les Ready-made de
Marcel Duchamp, André Breton suggère au milieu des années 20 de fabriquer
"certains de ces objets qu’on n’aperçoit qu’en rêve",
et "dont le sort paraît infiniment problématique et troublant".
Comme chez Duchamp, il s’agit d’assembler des objets déjà
existants et de peu de valeur. Mais contrairement à lui, les surréalistes
attendent du nouvel objet qu’il provoque une réaction affective,
voire "une émotion sexuelle particulière" selon Salvador Dalí.
Les plus célèbres des objets surréalistes sont dûs à Alberto Giacometti, Salvador
Dali, Joan Miró, André Breton, Oscar Dominguez ou encore Man Ray.
Paranoïa-critique :
Développée par Salvador Dali à partir de 1929, la théorie de la paranoïa-critique
consiste en un délire d’interprétation, appliqué non seulement à l’art,
mais aussi à la réalité. Son but est de dépasser la perception habituelle jugée
trop pauvre, au profit d’une appréhension du réel démultipliée.
Rayographe :
Le procédé du rayographe a été inventé par Man Ray en 1922. Il s’agit
de réaliser des photographies sans appareils, en plaçant des objets sur une
plaque sensible que l’on expose à la lumière.
Tu es intéressé par le surréalisme? Clique ici pour découvrir un premier exemple d’œuvre illustrant les propos ci-dessus.
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